Page:Huysmans - Là-Bas, Tresse & Stock, 1895.djvu/349

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coup plus que jadis d’être constamment en état de péché mortel.

— Et la Messe Noire, vous y avez assisté ?

— Oui, et je vous le dis d’avance, vous regretterez d’avoir vu d’aussi terribles choses. C’est un souvenir qui reste et fait horreur, même… surtout… lorsque l’on ne prend pas part personnellement à ces offices.

Il la regarda. Elle était pâle et ses yeux enfumés battaient.

— Vous l’aurez voulu, reprit-elle, vous ne pourrez donc vous plaindre, si le spectacle vous épouvante ou vous écœure.

Il resta un peu interloqué par le ton sourd et triste de sa voix.

— Mais lui, enfin, ce Docre, d’où sort-il, qu’a-t-il fait autrefois, comment est-il ainsi devenu un maître du Satanisme ?

— Je l’ignore, je l’ai connu prêtre habitué à Paris, puis confesseur d’une Reine en exil. Il a eu d’horribles histoires, que grâce à des protections, l’on a étouffées, sous l’Empire. Il a été interné à la Trappe, puis chassé du clergé, excommunié par Rome. J’ai également appris qu’il avait été, plusieurs fois, accusé d’empoisonnement, mais acquitté, car les tribunaux n’ont jamais réussi à faire la preuve. Aujourd’hui, il vit je ne sais comment, dans l’aisance, et voyage beaucoup avec