Page:Huysmans - Là-Bas, Tresse & Stock, 1895.djvu/353

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si elle est « dubia, vaga, generalis, illativa, jocosa, » le promoteur assura que pour certifier la sincérité des aveux, Gilles devait être soumis à la question canonique, c’est-à-dire à la torture.

Le Maréchal supplia l’Évêque d’attendre jusqu’au lendemain et réclama le droit de se confesser tout d’abord aux juges qu’il plairait au tribunal de désigner, jurant qu’il renouvellerait ensuite ses aveux devant le public et la Cour.

Jean de Malestroit accueillit cette requête et l’Évêque de Saint-Brieuc et Pierre de L’Hospital, Chancelier de Bretagne, furent chargés d’entendre Gilles dans sa cellule ; quand il eut terminé le récit de ses débauches et de ses meurtres, ils ordonnèrent qu’on amenât Prélati.

À sa vue, Gilles fondit en larmes et alors qu’après l’interrogatoire, on s’apprêtait à reconduire l’italien dans sa geôle, il l’embrassa, disant : « Adieu, François, mon ami, jamais plus nous ne nous entreverrons en ce monde. Je prie Dieu qu’il vous donne bonne patience et connaissance, et soyez certain, si vous avez bonne patience et espérance en Dieu, que nous nous entreverrons en grande joie de paradis. Priez Dieu pour moi et je prierai pour vous. »

Et il fut laissé seul pour méditer sur ses forfaits qu’il devait avouer publiquement, à l’audience, le lendemain.