Page:Huysmans - Là-Bas, Tresse & Stock, 1895.djvu/356

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une nuit. Ses yeux brûlaient dans des paupières rissolées, ses joues tremblaient.

Sur l’injonction qui lui fut adressée, il commença le récit de ses crimes.

D’une voix sourde, obscurcie par les larmes, il raconta ses rapts d’enfants, ses hideuses tactiques, ses stimulations infernales, ses meurtres impétueux, ses implacables viols ; obsédé par la vision de ses victimes, il décrivit leurs agonies ralenties ou hâtées, leurs appels et leurs râles ; il avoua s’être vautré dans les élastiques tiédeurs des intestins ; il confessa qu’il avait arraché des cœurs par des plaies élargies, ouvertes, telles que des fruits mûrs.

Et d’un œil de somnambule, il regardait ses doigts qu’il secouait, comme pour en laisser égoutter le sang.

La salle atterrée gardait un morne silence que lacéraient soudain quelques cris brefs ; et l’on emportait, en courant, des femmes évanouies, folles d’horreur.

Lui, semblait ne rien entendre, ne rien voir ; il continuait à dévider l’effrayante litanie de ses crimes.

Puis sa voix devint plus rauque. Il arrivait aux effusions sépulcrales, au supplice de ces petits enfants qu’il cajolait afin de leur couper, dans un baiser, le cou.

Il divulgua les détails, les énuméras tous. Ce fut tellement formidable, tellement atroce, que, sous