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Page:Huysmans - Là-Bas, Tresse & Stock, 1895.djvu/370

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mal pavée que les essieux du fiacre criaient, à chaque pas ; elle était à peine éclairée par des becs de gaz qui se distançaient de plus en plus, à mesure qu’elle s’allongeait vers les remparts. Quelle singulière équipée ! se disait-il, inquiété par la physionomie froide, rentrée de cette femme.

Enfin, le véhicule tourna brusquement dans une rue noire, fit un coude et s’arrêta.

Hyacinthe descendit ; en attendant la monnaie que le cocher devait lui rendre, Durtal inspecta, d’un coup d’œil, les alentours ; il était dans une sorte d’impasse. Des maisons basses et mornes bordaient une chaussée aux pavés tumultueux et sans trottoirs ; en se retournant, quand le cocher partit, il se trouva devant un long et haut mur, au-dessus duquel bruissaient, dans l’ombre, des feuilles d’arbres. Une petite porte, trouée d’un guichet, s’enfonçait dans l’épaisseur de ce mur sombre, chiné de traits blancs par des raies de plâtre qui hourdaient ses fissures et bouchaient ses brèches. Subitement, plus loin, une lueur jaillit d’une devanture et, sans doute attiré par le roulement du fiacre, un homme, portant le tablier noir des marchands de vins, se pencha hors d’une boutique et saliva sur le seuil.

— C’est ici, dit Mme Chantelouve.

Elle sonna, le guichet s’ouvrit ; elle souleva sa voilette, un jet de lanterne la frappa au visage ;