Page:Huysmans - Là-Bas, Tresse & Stock, 1895.djvu/380

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du Père et tu ne l’as point fait, parce que sans doute cette intercession dérangeait ton sommeil d’Éternité béate et repue !

« Tu as oublié cette Pauvreté que tu prêchais, Vassal énamouré des Banques ! Tu as vu sous le pressoir de l’agio broyer les faibles, tu as entendu les râles des timides perclus par les famines, des femmes éventrées pour un peu de pain et tu as fait répondre par la Chancellerie de tes Simoniaques, par tes représentants de commerce, par tes Papes, des excuses dilatoires, des promesses évasives, Basochien de sacristie, Dieu d’affaires !

« Monstre, dont l’inconcevable férocité engendra la vie et l’infligea à des innocents que tu oses condamner, au nom d’on ne sait quel péché originel, que tu oses punir, en vertu d’on ne sait quelles clauses, nous voudrions pourtant bien te faire avouer enfin tes impudents mensonges, tes inexpiables crimes ! Nous voudrions taper sur tes clous, appuyer sur tes épines, ramener le sang douloureux au bord de tes plaies sèches !

« Et cela, nous le pouvons et nous allons le faire, en violant la quiétude de ton Corps, Profanateur des amples vices, Abstracteur des puretés stupides, Nazaréen maudit, Roi fainéant, Dieu lâche ! »

— Amen, crièrent les voix cristallines des enfants de chœur.

Durtal écoutait ce torrent de blasphèmes et