Page:Huysmans - Là-Bas, Tresse & Stock, 1895.djvu/395

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prière déprécatoire, il m’a pris le main, l’a posée sur l’autel et, par trois fois, il a clamé :

« Que les projets et que les desseins de l’ouvrier d’iniquité qui a fait l’envoûtement contre vous soient anéantis ; que toute résomption obtenue par la voie satanique soit foulée aux pieds ; que toute attaque dirigée contre vous soit nulle et dénuée d’effets ; que toutes les malédictions de votre ennemi soient transformées en bénédictions des plus hauts sommets des collines éternelles ; que ses fluides de mort soient transmués en ferments de vie… enfin, que les Archanges des Sentences et des Châtiments décident du sort de ce misérable prêtre qui a mis sa confiance dans les œuvres de Ténèbres et de Mal ! »

« Pour vous, a-t-il repris, vous êtes délivré, le ciel vous a guéri ; que votre cœur en rende au Dieu vivant et au Christ Jésus les plus ardentes actions de grâce, par la glorieuse Marie !»

Et il m’a offert un peu de pain azyme et de vin. J’étais, en effet, sauvé. Vous qui êtes médecin, Monsieur Des Hermies, vous pouvez attester que la science humaine était impuissante à me guérir ; — et maintenant, voyez-moi !

— Oui, fit des Hermies embarrassé, je constate, sans en discuter les moyens, les résultats de cette cure, et, je l’avoue, ce n’est pas la première fois qu’à ma connaissance, de pareils effets