Page:Huysmans - Là-Bas, Tresse & Stock, 1895.djvu/401

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— Parce qu’il a toujours été, depuis les âges les plus désuets, le messager des charmes. En Égypte, le dieu à tête d’épervier était le dieu qui possédait la science des hiéroglyphes ; autrefois, dans ce pays, les Hiérogrammates avalaient le cœur et le sang de cet oiseau, pour se préparer aux rites magiques ; aujourd’hui encore, les sorciers des Rois Africains plantent dans leur chevelure une plume d’épervier ; et ce volucre, ainsi que vous l’appelez, est sacré dans l’Inde.

— Comment votre ami s’y prend-il, demanda la femme de Carhaix, pour élever et loger des bêtes qui sont, en somme, des bêtes de proie ?

— Il ne les élève, ni ne les loge. Ces éperviers ont fait leurs nids dans ces hautes falaises qui bordent la Saône, près de Lyon. Ils viennent le voir quand besoin est.

C’est égal, pensait, une fois de plus, Durtal, en regardant cette salle à manger si tépide et si seule, et en se rappelant les extraordinaires conversations qui s’étaient tenues dans cette tour, ce qu’on est loin ici des idées et du langage du Paris moderne ! — Tout cela nous réfère au Moyen Âge, dit-il, en complétant sa pensée tout haut.

— Heureusement ! s’écria Carhaix qui se leva pour aller sonner ses cloches.

— Oui, fit des Hermies, et ce qui est aussi, à cette heure de réalité positive et brutale, bien