Aller au contenu

Page:Huysmans - Là-Bas, Tresse & Stock, 1895.djvu/404

La bibliothèque libre.
Le texte de cette page a été corrigé et est conforme au fac-similé.

qui rentrait. C’est aussi la doctrine orthodoxe de Saint Irénée, de Saint Justin, de Scot Érigène, d’Amaury de Chartres, de Sainte Doucine, de l’admirable mystique qu’était Joachim De Flore ! Cette croyance a été celle du Moyen Âge tout entier et j’avoue qu’elle m’obsède, qu’elle me ravit, qu’elle répond aux plus ardents de mes souhaits. Au fait, reprit-il, en s’asseyant et se croisant les bras, si le troisième Règne est illusoire, quelle consolation peut-il bien rester aux chrétiens, en face du désarroi général d’un monde que la charité nous oblige à ne pas haïr ?

— Je suis, d’ailleurs, obligé d’avouer que, malgré le sang du Golgotha, je me sens personnellement très peu racheté, dit des Hermies.

— Il y a trois règnes, reprit l’astrologue, en tassant la cendre dans sa pipe, avec son doigt. Celui de l’Ancien Testament, du Père, le règne de la crainte. — Celui du Nouveau Testament, du Fils, le règne de l’expiation. — Celui de l’Évangile Johannite, du Saint-Esprit, qui sera le règne du rachat et de l’amour. — C’est le passé, le présent et l’avenir ; c’est l’hiver, le printemps et l’été ; l’un, dit Joachim de Flore, a donné l’herbe, l’autre les épis, le troisième donnera le froment. Deux des personnes de la Sainte Trinité se sont montrées, la Troisième doit logiquement paraître.

— Oui, et les textes de la Bible abondent, pres-