Page:Huysmans - Là-Bas, Tresse & Stock, 1895.djvu/428

La bibliothèque libre.
Le texte de cette page a été corrigé et est conforme au fac-similé.

Le Dr  Johannès a révisé ces croyances, adopté et rejeté nombre d’entre elles ; enfin il a, de son côté, admis de nouvelles acceptions. Pour lui, l’améthyste guérit bien l’ivresse, mais surtout l’ivresse morale, l’orgueil ; le rubis enraye les entraînements génésiques, le béryl fortifie la volonté, le saphir élève les pensées vers Dieu.

Il croit, en somme, que chaque pierre correspond à une espèce de maladie et aussi à un genre de péché ; et il affirme que lorsqu’on sera parvenu à s’emparer chimiquement du principe actif des gemmes, non seulement l’on aura des antidotes mais encore des préservatifs à bien des maux. En attendant que ce rêve, qui peut paraître un tantinet louffoque, se réalise et que des chimistes lapidaires fichent notre médecine en bas, il use des pierres précieuses pour formuler les diagnostics des maléfices.

— Mais comment ?

— Il prétend qu’en posant telle ou telle pierre dans la main ou sur la partie malade de l’envoûté, un fluide s’échappe de la pierre qu’il tient dans ses doigts et le renseigne. Il me narrait, à ce propos, qu’un jour, entre chez lui une dame qu’il ne connaissait point et qui souffrait, depuis son enfance, d’une maladie incurable. Impossible d’obtenir d’elle des réponses qui fussent précises. En tout cas, il ne découvrait trace d’aucun vénéfice ;