Page:Huysmans - Là-Bas, Tresse & Stock, 1895.djvu/440

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tout créé ! Dites donc aujourd’hui à vos congrès de savants, que, selon ce grand maître, la vie est une goutte de l’essence des astres, que chacun de nos organes correspond à une planète et en dépend, que nous sommes, par conséquent, un abrégé de la sphère divine ; dites-leur donc, — et cela l’expérience l’atteste, — que tout homme, né sous le signe de Saturne, est mélancolique et pituiteux, taciturne et solitaire, pauvre et vain ; que cet astre lourd, tardif en ses empreintes, prédispose aux superstitions et aux fraudes, qu’il préside aux épilepsies et aux varices, aux hémorroïdes et aux lèpres, qu’il est, hélas ! le grand pourvoyeur des hospices et des bagnes, et ils se gaudiront, ils lèveront les épaules, ces ânes assermentés, ces glorieux cuistres !

— Oui, fit des Hermies, Paracelse fut un des plus extraordinaires praticiens de la médecine occulte. Il connaissait les mystères maintenant oubliés du sang, les effets médicaux encore inconnus de la lumière. Professant, ainsi que les Kabbalistes, du reste, que l’être humain est composé de trois parties, d’un corps matériel, d’une âme et d’un périsprit appelé aussi corps astral, il soignait ce dernier surtout et réagissait sur l’enveloppe extérieure et charnelle, par des procédés qui sont ou incompréhensibles ou déchus. Il traitait les blessures, en soignant non pas les tissus mais le