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Page:Huysmans - Là-Bas, Tresse & Stock, 1895.djvu/83

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Ils enlevèrent leurs paletots et s’approchèrent du poêle.

— Il ne fait pas bien chaud ici ! reprit-elle ; ce logement, voyez-vous, il faudrait pour le dégeler un feu qui marchât sans interruption, nuit et jour.

— Achetez un poêle mobile.

— Non, par exemple, on s’asphyxierait ici !

— Ce ne serait pas, en tout cas, commode, fit des Hermies, car il n’y a pas de cheminées. Il est vrai qu’avec des tuyaux de rallonge qu’on amènerait comme le tuyau de tirage du poêle qui est là jusqu’à la fenêtre… mais, à propos de ces appareils, te rends-tu compte, Durtal, combien ces hideux boudins de tôle représentent l’époque utilitaire où nous sommes.

Songes-y ; l’ingénieur que tout objet qui n’a pas une forme sinistre ou ignoble, offense, s’est tout entier révélé dans cette invention. Il nous dit : vous voulez avoir chaud, vous aurez chaud — mais rien de plus ; il ne faut pas que quelque chose d’agréable pour la vue subsiste. Plus de bois qui crépite et chante, plus de chaleur légère et douce ! L’utile, sans la fantaisie de ces beaux glaïeuls de flammes qui jaillissent dans le brasier sonore des bûches sèches.

— Mais est-ce qu’il n’y a pas de ces poêles-là, où l’on voit le feu ? demanda Mme Carhaix.

— Oui et c’est pis ! Du feu derrière un guichet de