Page:Huysmans - Là-Bas, Tresse & Stock, 1895.djvu/9

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d’autre chose, car nous ne nous entendrons jamais bien sur ce naturalisme dont le nom seul t’affole. Voyons, et cette médecine Matteï, que devient-elle ? tes fioles d’électricité et tes globules soulagent-ils au moins quelques malades ?

— Peuh ! ils guérissent un peu mieux que les panacées du Codex, ce qui ne veut pas dire que leurs effets soient continus et sûrs ; du reste, ça ou autre chose… sur ce, je file, mon bon, car dix heures sonnent et ton concierge va, dans l’escalier, éteindre le gaz ; bonsoir, à bientôt, n’est-ce pas ?

Quand la porte fut refermée, Durtal jeta quelques pelletées de koke dans sa grille et se prit à songer.

Cette discussion avec son ami l’irritait d’autant plus qu’il se battait depuis des mois avec lui-même et que des théories, qu’il avait crues inébranlables, s’entamaient maintenant, s’effritaient peu à peu, lui emplissaient l’esprit comme de décombres.

En dépit de leurs violences, les jugements de des Hermies le troublaient.

Certes, le naturalisme confiné dans les monotones études d’êtres médiocres, évoluant parmi d’interminables inventaires de salons et de champs, conduisait tout droit à la stérilité la plus complète, si l’on était honnête ou clairvoyant et, dans le cas contraire, aux plus fastidieux des rabâchages, aux plus fatigantes des redites ; mais Durtal ne voyait pas, en dehors du naturalisme, un roman qui fût