Page:Huysmans - La Cathédrale, 1915.djvu/106

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— Je me console, en rmarquant que vous vous discernez, répondit en souriant l’abbé. Ce qui serait pis, ce serait de vous ignorer, d’avoir l’orgueil de ne vous en croire point.

— Enfin comment dois-je m’y prendre ? vous me recommandez de prier, mais alors, enseignez-moi le moyen de ne pas m’évaguer dans tous les sens, car aussitôt que je veux me grouper, je me désagrège ; je vis dans une perpétuelle dissolution ; c’est un fait exprès ; chaque fois que je prétends fermer ma cage, toutes les pensées s’envolent et, en piaillant, m’assourdissent.

L’abbé réfléchissait.

— Je le sais, fit-il ; rien n’est plus malaisé que de se désencombrer l’esprit des images qui l’obsèdent, mais enfin l’on peut quand même se condenser, si l’on observe ces trois points :

D’abord il convient de s’humilier, en méditant sur la fragilité de son entendement, inapte à ne pas se dissiper devant Dieu ; ensuite il faut ne pas se fâcher et s’inquiéter car cela ne servirait qu’à remuer la lie et à faire remonter d’autres distractions à la surface ; enfin, il sied de ne pas discuter, avant la fin de la prière, la nature de la diversion qui la trouble. Ce serait la prolonger et, même, en une certaine mesure l’accepter ; ce serait risquer aussi de créer, en vertu de la loi d’association des idées, de nouvelles divagations et il n’y aurait plus de motifs d’en sortir !

L’examen s’effectuera utilement après ; suivez cet avis et vous vous en trouverez bien.

— Tout cela, c’est très joli, pensait Durtal, mais lorsqu’il s’agit de mettre ces conseils en pratique, c’est