Page:Huysmans - La Cathédrale, 1915.djvu/191

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— Il y a donc déjà des divergences d’interprétation entre l’Angelico et Roger Van der Weyden qui vécurent cependant à la même époque ; mais l’autorité du moine me semble plus sûre.

— Moi, fit l’abbé Gévresin, je repense à ce recto et à ce verso des tons dont vous parliez tout à l’heure ; mais savez-vous que cette règle des contraires n’est pas spéciale au rit des teintes ; elle existe dans presque toute la science des symboles. — Voyez les analogies relevées dans le classement des bêtes : l’aigle qui incorpore tour à tour Jésus et Satan, le serpent qui, tout en étant un des avatars les plus connus du Démon, peut néanmoins, ainsi que le serpent d’airain de Moïse, préfigurer le Christ.


— Le symbole anticipé du symbolisme chrétien fut le Janus à double visage du Paganisme, fit, en riant, l’abbé Plomb.

— En somme, c’est une vraie volte-face de sens qu’exécutent ces allégories de la palette, reprit Durtal ; tenez, le rouge — nous avons vu que, dans son assimilation la plus commune, il est synonyme de charité, de souffrance, d’amour. Tel est son endroit ; son envers, selon la traduction de la sœur Emmerich, c’est la pesanteur, l’attachement au butin d’ici-bas.

Le gris, emblème de la pénitence, de la tristesse, de l’âme tiède, ébauche, d’après une nouvelle exégèse, l’image de la Résurrection — le blanc pénétrant le noir — la lumière entrant dans la tombe, en sortant avec une nouvelle teinte, le gris, nuance mixte, encore alourdie par les ténèbres de la mort qui ressuscite, en s’éclairant, peu à peu, dans le blanc des lueurs.