Page:Huysmans - La Cathédrale, 1915.djvu/336

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d’un chef de bandits et d’un forban ! Songez aussi, qu’il apprit au monde qui les ignorait les vertus que devait, plus tard, enseigner le Christ, l’humilité dans ce qu’elle a de plus touchant, le repentir dans ce qu’il a de plus âpre. Quand le prophète Nathan lui reproche son homicide, il avoue, en pleurant, ses torts, accepte courageusement les plus terribles des pénitences : l’inceste et le meurtre dans sa famille, la révolte et la mort de son fils, la trahison, la misère et la fuite éperdue dans les bois. Et avec quels accents il implore dans le « Miserere » son pardon ! avec quel amour et quelle contrition il demande au Dieu qu’il offensa, merci !

Il était un homme avec des vices, restreints, rares si on les compare à ceux des monarques de son temps ; et des vertus admirables, nombreuses, si on les rapproche de celles des souverains de toutes les époques, de tous les âges. Comment, dès lors, ne pas concevoir que Dieu l’ait choisi entre tous pour l’annoncer ? Jésus venait pour rédimer les pécheurs, il avait pris sur lui tous les crimes du monde ; n’était-il pas naturel qu’Il se fît préfigurer par un homme qui, semblable aux autres, avait péché ?

— C’est, en effet, juste.

Et le soir, quand loin de l’abbé Plomb qu’il avait quitté sur le seuil de l’Eglise, Durtal s’étendit sur sa couche, il se remémora cette théorie des personnages de la Bible, ces sculptures des portails.

Pour récapituler cette façade du Nord, on peut garantir, murmura-t-il, qu’elle est l’histoire abrégée de la Rédemption préparée si longtemps à l’avance, une table de l’Histoire Sainte, un résumé de la loi mosaïque