Page:Huysmans - La Cathédrale, 1915.djvu/426

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du serpent, autrement dit du Démon, si véhémente qu’il l’attaque, dès qu’il le peut, et le dévore, mais il meurt, s’il reste ensuite trois heures sans boire ; aussi après ce repas court-il dans les forêts en quête d’une source et s’il la rencontre et se désaltère, il rajeunit de plusieurs années ; la chèvre, elle, est parfois considérée d’un mauvais œil et confondue avec le bouc, mais plus souvent elle désigne le Bien-Aimé auquel la compare l’Epouse du Cantique ; le hérisson, qui se cache dans les trous, contrefait, selon saint Méliton, le pécheur ; selon Pierre de Capoue, le pénitent. Quant au cheval, il est marqué par Petrus Cantor et Adamantius, ainsi qu’un être de vanité et de présomption, opposé au bœuf qui est toute gravité, toute simplesse. Il convient de ne pas oublier néanmoins que, pour embrouiller la question, en la présentant sous un autre jour, saint Eucher assimile le cheval au Saint et que l’anonyme de Clairvaux identifie le Diable avec le bœuf. Pour le pauvre âne, il n’est guère plus ménagé par Hugues de Saint-Victor qui le targue de stupidité, par saint Grégoire le Grand qui le taxe de paresse, par Pierre de Capoue qui l’inculpe de luxure ; il faut observer cependant que saint Méliton l’associe, à cause de son humilité, au Christ et que les exégètes font de l’ânon que Jésus chevaucha, le jour des Palmes, une figure des Gentils, de même qu’ils font de l’ânesse, qui le mit bas, la figure des Juifs.

Enfin, deux bêtes domestiques, chères à l’homme, le chien et le chat, sont généralement honnies par les mystiques. Le chien, modèle du péché, dit Petrus Cantor, bête des querelles, ajoute Hugues de Saint-Victor, est l’animal qui retourne à son vomissement ; il