Page:Huysmans - La Cathédrale, 1915.djvu/430

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naturel, se confond presque avec les aromes connus.

Ainsi saint Trévère exhalait un bouquet composé de rose, de lys, de baume et d’encens ; sainte Rose de Viterbe fleurait la rose ; saint Cajetan la fleur d’oranger ; sainte Catherine de Ricci la violette ; sainte Térèse, tour à tour, le lys, le jasmin et l’iris ; saint Thomas d’Aquin l’encens ; saint François de Paule le musc ; je vous les cite au hasard du souvenir.

— Oui, et sainte Lydwine épandait pendant ses maladies un parfum qui se communiquait également au goût. Ses ulcères volatilisaient des fumets enjoués d’épices, et distillaient l’essence même de la vie familière des Flandres, une essence sublimée de cannelle.

— Par contre, reprit l’abbé, l’infection des sorcières fut célèbre, au Moyen Age. Tous les exorcistes et les démonologues sont d’accord sur ce point ; et presque constamment aussi, l’on a relaté qu’après une apparition du Malin, une puanteur de soufre ignoble s’attardait dans les cellules, alors même que les Saints étaient parvenus à le chasser.

Mais la senteur médullaire du Diable, elle s’affirme dans la vie de Christine de Stumbèle. Vous n’ignorez pas les exploits scatologiques auxquels Satan se livra contre cette Sainte ?

— Mais si, Monsieur l’abbé.

— Alors je vous apprendrai que le récit de ces attaques nous a été conservé tout au long par les Bollandistes qui ont inséré dans leurs annales la biographie de cette célicole, écrite par le Dominicain, Pierre de Dacie, son confesseur.

Christine naquit dans la première moitié du XIIIe siècle,