Page:Huysmans - La Cathédrale, 1915.djvu/434

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d’Aquin, qui créa l’admirable prose du Saint-Sacrement, exhalait une fragrance d’encens, que sainte Catherine de Ricci, qui fut un exemple d’humilité, fleurait la violette, emblème de cette vertu, mais…

L’abbé Plomb entra et, mis au courant par Durtal de cette discussion sur l’osmologie mystique, il dit :

— Vous oubliez, pour l’odeur diabolique, le principal.

— Comment cela ? monsieur l’abbé.

— Mais oui, vous ne tenez pas compte des faux parfums délectables que le Maudit efflue ; et en effet, ses baumes infâmes sont de deux sortes : les uns caractérisés par le relent des barèges et des selles ; les autres, par une singerie de la senteur de Sainteté, par de délicieuses bouffées d’attrait et de tentation. Le Malin s’y est pris ainsi pour séduire Dominique de Gusman ; il l’imprégna d’émanations exquises espérant lui inspirer, par ce moyen, des idées de vaine gloire ; de même pour Jourdain de Saxe qui expirait un fumet agréable quand il célébrait la messe. Dieu lui montra que ce phénomène était d’origine infernale et, dès lors, il cessa.

Enfin il me revient à la mémoire une singulière anecdote de Quercetanus à propos d’une maîtresse de Charlemagne qui trépassa. Le roi qui l’adorait ne pouvait se décider à laisser enterrer son corps qui se décomposait, en vaporisant un mélange de violettes et de roses. L’on examina l’état du cadavre et l’on aperçut, inséré dans sa bouche, un anneau qu’on ôta. Aussitôt l’enchantement démonial s’évanouit ; le corps fétida et Charlemagne permit de l’inhumer.

L’on peut encore adjoindre à cette bonne odeur d’attirance du Diable, une autre qui est, au contraire, maléolente