Page:Huysmans - La Cathédrale, 1915.djvu/440

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elle jamais attifée d’un fâcheux renom, fit l’abbé Gévresin.

— Elle partage cette privauté avec le blanc et le bleu, les deux couleurs qui ne sont pas régies par la loi des contrastes, qui ne répondent au signalement d’aucun vice, répliqua Durtal.

— La colombe, s’écria Mme Bavoil, en changeant les assiettes, elle joue un admirable rôle dans l’histoire de l’arche de Noé. Ah ! notre ami, c’est la mère de Matel qu’il faut entendre !

— Qu’en dit-elle, Madame Bavoil ?

— La bonne Jeanne établit d’abord que le péché originel a produit dans la nature humaine le déluge des péchés dont la Vierge fut, seule, exemptée par le Père qui la choisit pour son unique colombe.

Ensuite, elle raconte que Lucifer, représenté par le corbeau, s’enfuit de l’arche par la croisée du libre arbitre ; alors Dieu, qui possédait Marie de toute éternité, ouvrit la fenêtre de la volonté de sa Providence, et, de son propre sein, de l’arche du ciel, Il envoya la colombe virginale sur la terre où elle cueillit un rameau de l’olivier de sa miséricorde, reprit son vol jusque dans l’arche du ciel et offrit ce rameau pour tout le genre humain ; puis elle pria la céleste Bonté de retirer le déluge du péché et invita le divin Noé à sortir de l’arche empyrée ; et alors, sans quitter le sein de son Père dont il est inséparable, Il sortit…

— Et verbum caro factum est et habitavit in nobis, conclut l’abbé Gévresin.

— Le fait est que cette préfiguration du Verbe par Noé est curieuse, dit Durtal.

— Les animaux sont encore utilisés dans l’iconographie