Page:Huysmans - La Cathédrale, 1915.djvu/444

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— Je me demande, d’ailleurs, pourquoi vous hésiteriez, car vous êtes sûr d’être reçu à bras ouverts. Le Père Abbé est un homme d’une réelle valeur et, qui plus est, nullement hostile à l’art. Enfin, et cela achèvera, je l’espère, de vous rassurer, il est aussi un moine et très simple et très bon.

— Mais, j’ai mon article à rédiger !

Les deux prêtres rirent. — Vous avez huit jours pour l’écrire, votre article !

— Encore faudrait-il, pour aller utilement dans un monastère, ne pas être dans cet état de siccité et de dispersion où je végète, dit péniblement Durtal.

— Les Saints eux-mêmes ne sont pas exempts de distractions, répliqua l’abbé Gévresin ; témoin ce religieux dont parle Tauler qui, sortant de sa cellule, au mois de mai, se couvrait la tête de son capuchon pour ne pas voir la campagne et n’être pas ainsi empêché de regarder son âme.

— Ah ! notre ami, le doux Jésus, il sera donc toujours, comme l’a dit la Vénérable Jeanne, le pauvre languissant à la porte de nos cœurs ; allons, voyons, un bon mouvement, ouvrez-lui ! s’écria Mme Bavoil.

Et Durtal, poussé dans ses derniers retranchements, finit par acquiescer au désir de tous, mais il le fit, d’un air navré, car il ne pouvait parvenir à chasser l’idée folle que cette adhésion impliquait, de sa part, une vague promesse envers Dieu.