Page:Huysmans - La Cathédrale, 1915.djvu/462

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que pour les bénir et Durtal rêvait devant cet écrivain dont le livre, si court, occupait une place si importante dans la série des œuvres mystiques ; celui-là, en admettant que le volume fût de lui, avait plus que tout autre et, le premier, parmi les auteurs contemplatifs, franchi les limites du ciel et rapporté quelques détails sur ce qui s’y passe, aux hommes. La question des préséances angéliques datait de lui, car il avait révélé l’organisation des milices, observé un ordre, une hiérarchie qu’imite l’humanité et que parodie l’enfer. Il avait été une sorte de courrier entre le firmament et la terre ; il avait été l’explorateur du Patrimoine divin comme plus tard sainte Catherine de Gênes fut l’exploratrice des domaines du Purgatoire.

Moins intéressant était Piat, prêtre de Tournai, qu’un proconsul romain décapita. Dans cette assemblée de Saints célèbres, il était un peu le parent de province pauvre, le Saint d’un diocèse. Il figurait là parce que la cathédrale possédait ses reliques, car ses historiens racontent que l’illation de ses restes à Chartres eut lieu au IXe siècle. Saint Georges l’accotait, vêtu en chevalier du temps de saint Louis, tête nue, bardé de fer, armé d’une lance et d’un bouclier, en sentinelle sur un socle où était décrite la torture de la roue qu’il endura.

Cette statue avait pour pendant de l’autre côté de la porte Théodore d’Héraclée, habillé d’une cotte de maille et d’un surcot et muni, lui aussi, d’un écu et d’une lance.

Près de ce Saint que l’on fit cuire jadis, dans la ville d’Amasée, à petit feu, siégeaient saint Etienne, saint Clément et saint Laurent.

Et le tympan développait, au-dessus de la double haie