Page:Huysmans - La Cathédrale, 1915.djvu/57

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de ma présence auprès de Sa Grandeur c’est de ne point avoir de loyer à payer, puisque je suis logé gratuitement dans les dépendances de l’évêché.

Je n’aurais pu être salarié, du reste, car le traitement dévolu par le Gouvernement aux chanoines n’existe plus depuis une loi de finance du 22 mars 1885 qui a décidé la suppression de ces émoluments par voie d’extinction. N’émargent donc sur les fonds destinés aux besoins du culte, que ceux qui étaient titulaires avant la promulgation de la loi ; ils vont, s’éteignant peu à peu, et l’on prévoit aisément le moment où aucun chanoine ne sera plus rétribué par l’Etat. Dans certains diocèses, l’on remplace ces subsides perdus par l’argent d’une fondation pieuse ou, si vous aimez mieux, d’une prébende. Il n’y en a point à Chartres. Tout au plus, le chapitre dispose-t-il d’une vague pécune qu’il partage entre ceux auxquels on ne confie aucun emploi, ce qui leur fournit, bon an, mal an, par tête, une somme d’environ trois cents francs et c’est tout.

— Il n’y a donc pas de casuel pour les chanoines ?

— Pas.

— Je me demande alors de quoi ils vivent ?

— S’ils n’ont aucune fortune, ils vivent plus pauvres que les derniers des ouvriers à Chartres. La plupart végètent ; les uns célèbrent la messe dans des communautés, sont aumôniers des couvents, mais cela ne rapporte presque rien, deux cents, deux cent cinquante francs peut-être. Un autre remplit les fonctions de secrétaire général de l’évêché, ce qui lui vaut un appartement et des gages qui peuvent s’élever à six cents francs. Un autre encore dirige la Semaine religieuse, « la Voix