Page:Huysmans - Le Drageoir aux épices, 1921.djvu/155

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tureuse et peut-être, pensait-il, parviendrai-je, grâce à mon génie, à ne point lui déplaire. Il quitta cette maison, les larmes aux yeux, et loua une mansarde où, pendant trois jours, il s’enferma. Le troisième jour, malgré quelques regrets, il résista au désir d’aller retrouver son compagnon, l’ex-boulanger Krœsbeck. Il se mit à la fenêtre, alluma sa pipe et regarda dans la rue. Son gîte était mal choisi : un cabaret faisait face à la chambre qu’il habitait, regorgeant de buveurs et d’éhontés tortillons. Au milieu d’eux, un homme à l’encolure puissante, au bedon piriforme, au nez tout emperlé, lançait d’épaisses bouffées et suçait avec de doux vagissements les goulots d’une énorme guédousle. Sa grosse figure rayonnait d’aise. « Tiens, se dit Brauwer, Krœsbeck est ici ! Il s’est donc décidé à peindre et à payer l’écot ? »