Page:Huysmans - Le Drageoir aux épices, 1921.djvu/95

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leurs pointes, les repoussait doucement et continuait sa route.

Une jeune fille se traînait à ses pieds, tenant sa poitrine à deux mains, râlant, crachant le sang. Grâce ! criait-elle, grâce ! ô phtisie ! aie pitié de ma mère, aie pitié de ma jeunesse ! mais la goule implacable la serrait dans ses bras et picorait sur ses lèvres de longs baisers.

La victime palpitait faiblement encore ; elle l’étreignit plus étroitement et choqua ses dents contre les siennes ; le corps se convulsa faiblement, puis demeura froid, inerte, et les joues se couvrirent de teintes glauques, de vapeurs livides.

Alors la déesse voleta lourdement, de pâles rayons jaillirent de ses prunelles et baignèrent de glacis bleuâtres les joues blanches de la morte.