Page:Huysmans - Les Sœurs Vatard, Charpentier, 1880.djvu/144

La bibliothèque libre.
Cette page a été validée par deux contributeurs.


IX


Les deux mains derrière la tête, Désirée pêchait délicatement avec ses doigts des épingles à cheveux dans le paquet tremblant de sa tignasse. Tout en les posant les unes à côté des autres, sur le faux marbre de la cheminée, elle songeait aux Folies-Bobino, à la rue noire où Auguste l’avait embrassée ; ses yeux se noyaient, un frémissement lui courait le long du dos au souvenir des chaleurs humides qui avaient touché sa bouche. Qu’elle eût bien ou qu’elle eût mal fait de se laisser serrer de près ainsi par un homme, il n’en était pas moins vrai que ces bêtises-là, dans l’obscurité, produisaient de singuliers troubles. Seulement, toutes ces délices n’allaient plus durer. Vatard avait écrit, le matin même, que sa sœur