Page:Huysmans - Les Sœurs Vatard, Charpentier, 1880.djvu/174

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fants, que si elle avait été mariée, elle aurait voulu en avoir.

Auguste gardait le silence ; d’abord parce que le subit enthousiasme de Céline pour les douceurs de la maternité lui importait peu ; ensuite parce que son œil lui faisait mal.

— Est-il vrai, continua-t-elle, que vous ayez reçu ce coup de poing à cause de ma sœur ?

Il répondit que ce n’était pas précisément à cause d’elle ; c’était pour des affaires entre Alfred et lui ; il avait été frappé d’ailleurs quand il ne le prévoyait pas ; — c’est égal, si les camarades ne l’avaient pas retenu, son adversaire aurait passé un fichu quart d’heure ; il le rattraperait du reste !

Céline l’écouta patiemment exhaler ses menaces et ses plaintes.

— Tout cela, c’est bien embêtant, reprit-elle ; tout le monde à l’atelier est convaincu que Désirée est la cause de cette bataille ; ça lui fait du tort, on la regarde et l’on cancane. Ah ! Et puis zut ! Tenez, je vais vous dire la chose de suite, moi, ne lanternons plus. Voulez-vous l’épouser, oui ou non ?

Auguste devint cramoisi et son œil poché se fonça. Il balbutia : — Mais oui, certainement, je l’aime bien, mais cependant, il faudrait avoir un peu de temps devant soi pour réfléchir.