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Page:Huysmans - Les Sœurs Vatard, Charpentier, 1880.djvu/316

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quement il se répétait : — Quand je pense qu’Héloïse, qui était si fière d’avoir été bien élevée, a trouvé moyen de me chiper ma boîte en buis à poudre de riz et que jamais plus, depuis lors, je n’ai reçu de ses nouvelles, je n’ai pas le droit d’en vouloir à Céline, qui, tout en n’ayant pas pour deux sous de tenue, ne m’a du moins rien volé.

Et, accablé par tous ces souvenirs qu’il remuait des liaisons rompues ; ému par tous ces visages qui passaient devant ses yeux, avec leurs sourires sur l’oreiller et les crachats qu’ils lui avaient jetés à la face, en l’abandonnant, il souffla sa lampe.

— Je suis bête, moi aussi, murmura-t-il, je m’étonne. Puisqu’il est entendu que toutes les femmes manquent de savoir-vivre lorsqu’elles nous lâchent, le bon Dieu ne pouvait pourtant pas permettre que Céline, qui était de toutes la plus grossière, se fût montrée à ce moment-là la plus polie. Soyons juste, ça n’aurait pas eu de réalité. Et il ajouta avec un sourire contraint : C’est égal, tout cela n’est pas drôle ; cette fille-là va me faire défaut, — je sens que je vais avoir la nostalgie de sa bêtise. Ah ! crédieu ! je voudrais bien être de deux mois plus vieux !