Page:Huysmans - Les Sœurs Vatard, Charpentier, 1880.djvu/42

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ils perdraient leur pratique s’ils ne les guérissaient pas sans les charcuter.

Céline émit alors cette idée très neuve que les familles à l’aise sont plus heureuses que celles qui ne possèdent rien.

Tout le monde l’approuva. Vatard reprit, au bout d’un silence, comme si cela pouvait avoir un rapport quelconque avec le panaris de son ami Tabuche : je suis allé aujourd’hui rue de Rennes et j’y ai rencontré l’ancienne bonne des Thomassin. Elle est placée maintenant chez un ingénieur et elle lui achète de l’eau-de-vie à six francs la bouteille.

— La bouteille ! pas possible, s’exclama la mère Teston ! — C’est comme cela, poursuivit Vatard, et il hochait la tête, n’écoutant pas Céline qui abîmait l’une de ses camarades qu’on avait rencontrée, dans un bouisbouis de Montparnasse, chahutant, les jambes en l’air et les bras en bas. — Une fille qui respecte sa parentelle peut aller danser au banquet d’Anacréon ou aux Mille-Colonnes, seulement elle ne va pas au bal Grados. C’est une infamie que ce pince-cul-là !

Mais le père Teston racontait la découverte d’une petite fille de neuf ans qui avait été retrouvée, morte et violée, au fond d’un puits. — Alors toutes les conversations se mêlèrent en une