Page:Huysmans - Les Sœurs Vatard, Charpentier, 1880.djvu/54

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avec du papier à fleurettes, un lit et une table en noyer, des rideaux blancs aux fenêtres, une pelote en coquillages, une tasse avec ses initiales dorées sur la commode et, pendue au mur, une gentille image, un petit amour par exemple qui frapperait à une porte. Elle songeait souvent même à cette gravure qu’elle avait vue chez un marchand de bric-à-brac, et elle se figurait combien confortable et gaie serait la pièce où, sur le chambranle de la cheminée, serait incliné ce tableau, réfléchissant, dans le verre de son cadre, le derrière d’un réveil matin et deux flambeaux de zinc, qu’elle cravaterait de bobèches en papier rose.

Elle n’avait jamais désiré plus. — Vivre tranquillement, pouvoir consacrer dix francs par année, pour élever un chien et posséder en sus de sa chambre un bout de cabinet où, derrière un rideau de serge verte, elle mettrait sa fontaine et son coke, toutes les convoitises de son âme se bornaient là !

Vatard pouvait dormir sur ses deux oreilles s’il avait jamais eu des craintes ! sa fille ne perdrait pas la tramontane et ne chopperait point dans un moment de volonté perdue. Sa sœur lui avait rendu d’ailleurs un inappréciable service, en ne l’empêchant pas de mal tourner. Libre de riboter, tant qu’elle voudrait, elle n’en eut pas