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Page:Huysmans - Les Sœurs Vatard, Charpentier, 1880.djvu/59

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leurs progénitures à se marier contre leur gré, il profitait de son expansion de bon père pour obtenir de Désirée tout ce dont il avait envie.

N’était-elle pas d’ailleurs sa préférée ? Certainement il aimait l’autre et beaucoup, mais ce n’était pas la même chose. Sans doute, Céline était une bonne fille, plus caressante parfois que la petite — quand elle avait retrouvé un homme, — mais elle avait un caractère inégal qui était vraiment insupportable. Toute la maison subissait les inquiétudes de ses passions, les colères de ses ruptures. Le jour où elle était abandonnée par son amant, c’était une tempête pour tous les plats ; elle fourgonnait avec une telle vigueur dans le poêle que tout l’édifice tremblait. Ces alternances de bonne humeur et de furie désolaient son père. Quant à la mère, elle vivait indifférente, l’œil fixé avec stupeur sur son ventre qui grondait, incapable de remuer deux idées et deux doigts.