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Page:Huysmans - Les foules de Lourdes (1907).djvu/206

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LES FOULES DE LOURDES

Il est retombé, paraît-il, plus malade qu’auparavant et on l’a remporté, réintégré, dans son appareil, presque mourant, dans le wagon !

Ici, je ne comprends plus ; le miracle acquis ne me surprend pas ; mais le miracle, accordé d’une main et retiré de l’autre, me désarçonne ; je n’y suis plus du tout.

Je sais bien qu’un miracle qui ne dure pas, qui n’est pas entériné par l’épreuve du temps, n’en est pas un ; et cependant, comment nier une intervention extranaturelle dans le cas de cet enfant ? une jambe tordue se redresse, une couronne d’abcès sèche, la peau se reforme sous des croûtes prêtes à se détacher, la santé revient, sans transition, sans convalescence, avec la vigueur nécessaire pour courir sans fatigues, et cela, instantanément, en coup de foudre, après une simple immersion dans un bain d’eau sale ; est-ce explicable par des raisons purement physiologiques ? je ne le pense pas.

Si j’ai, en effet recours aux arguments des médecins, décidés à ne voir dans les faits qui se passent à Lourdes, que des phénomènes de la suggestion et de l’exaltation de la Foi, devenues, suivant eux, une panacée souveraine contre la plupart des maux, j’aboutis à des résultats dont l’absurdité s’avère manifeste.

Que des gens atteints de maladies nerveuses, que des femmes hystériques soient guéris par une forte