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Page:Huysmans - Les foules de Lourdes (1907).djvu/68

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LES FOULES DE LOURDES


Marie, nous vous aimons !


Et les grondements des Ave redoublent — et les portières des piscines s’ouvrent. On se penche avidement pour distinguer la physionomie des gens que l’on sort ; on attend une guérison, et l’on aperçoit des êtres couchés et qui vivent encore pour souffrir ; hélas ! pour ceux-là, les suppliques de ce matin sont vaines ! — Voyons tout de même, au dedans, si, à défaut de cure complète, il n’y aurait pas des allégements, des rémissions. Je franchis le camp des voitures et j’écarte le rideau des bains.

La première fois que je pénétrai dans ces salles, j’eus une surprise ; sur les récits de Zola qui peignit toujours ses toiles comme des décors de théâtre, je me les figurais très vastes ; j’imaginais au moins des pièces aérées et commodes, creusées de larges bassins, autour desquels baigneurs et malades évoluaient à l’aise. Il n’en est rien ; ces chambres ont tout juste l’ampleur des cabines de bains à bon marché. En guise de porte, une courtine ; trois murs ; celui du fond muni d’un vitrail qui n’éclaire pas et sur lequel est peint une Vierge, avec au-dessous une statuette de Notre-Dame de Lourdes ; les deux autres sont de simples cloisons, sans ornements ; enfin au milieu une baignoire de pierre se creuse, peu profonde, dans laquelle on descend par quelques marches et le