camisoles à pois déteints, des blouses bleuâtres, des culottes à côtes vert bouteille, des haillons effiloqués, et, de l’autre, vis-à-vis ce chantier de pierres, s’étendaient en rang d’oignons, des masures lézardées, mitrées de toits de zinc effondrés et croulants. Il y avait des boutiques de petits commerçants, joailliers en savates, orfèvres en cuir, ravaudant les vieux socques, rapetassant les bottines, débitant des semelles de paille et de liége ; des fruiteries où l’on vendait du lait et des soldats de plomb ; des épiceries où s’entassaient, séparés par des cloisons de verre, des amas de pommes tapées, aux pelures froncées et couleur d’amadou, des vagues d’amandes blondes, des piles de sucre candi, des biscuits Guillou, des meules de gruyère, des confitures orangées ou roses, limpides ou bourbeuses, des litres rouges, des tambours en bois où se liquéfiaient les chairs dissoutes des géromés à l’anis ; des gargotes aux vitrines desquelles se racornissaient des poissons rissolés et friables, des lapins saignants encadrés d’un mur de vaisselles opaques et de saladiers regorgeant de pruneaux qui s’enlisaient dans la vase de leur sauce.
Léo et son ami s’orientèrent dans la rue. Ni l’un,