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Page:Huysmans - Marthe, histoire d'une fille, 1876.djvu/117

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lui mâchonna quelques lourds madrigaux auxquels elle ne répondit que par des sourires, se réservant de demander à son amie quel était ce bellâtre.

— C’est un fier imbécile, lui dit Titine, bête et riche ; aiguise tes quenottes, ma fille, et mords à belles dents. Sois aimable, mais tiens-moi ça en laisse, c’est nécessaire avec des morveux de cet âge !

On se leva de table et l’on fut boire au salon du café et des liqueurs. Ce fut une vraie débandade. Enfouis dans des fauteuils, les vieillards ne bougeaient plus : ils digéraient, somnolents et gavés. Les jeunes papillonnèrent et allumèrent des cigarettes ; d’aucuns, très-pâles, disparurent ; les autres s’assirent à côté des femmes et se mirent à les lutiner. Marthe devint froide comme un marbre dès que l’éphèbe, enhardi par le sans-gêne des couples, voulut l’embrasser. Il fut quelque peu surpris, mais il se consola, très-satisfait d’avoir pêché dans la bourbe de ce vivier une femme qui eût de la tenue et ne se laissât pas enlever dès le premier soir.

— Tu couches ici, n’est-ce pas ? dit Titine.

— Mais comment faire ? reprit Marthe, ton amant va rester !