Page:Huysmans - Marthe, histoire d'une fille, 1876.djvu/12

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tu ne donnes pas encore assez moelleusement le coup des hanches qui doit pimenter le « boum » de la grosse caisse. Tiens, vois, j’ai les jambes en branches de pincettes faussées, les bras en ceps de vigne, j’ouvre la gueule comme la grenouille d’un tonneau, je fais le mille pour les palets de plomb, vlan ! la cymbale claque, je remue le tout, je râpe le dernier mot du couplet, je me gargarise d’une roulade ratée, j’empoigne le public. C’est ce qu’il faut. Allons, dégosille ton couplet, je t’apprendrai, à mesure que tu le goualeras, les nuances à observer. Une, deux, trois, attention, papa entr’ouvre son tube auriculaire, papa t’écoute.

— Dites donc, mademoiselle Marthe, voilà une lettre que l’ouvreuse m’a dit de vous remettre, grasseya une grosse fille roupieuse.

— Ah ! elle est bien bonne, s’écria l’enfant, regarde donc, Ginginet, ce que je viens de recevoir, c’est pas poli, sais-tu ?

Le comédien déploya le papier et les coins de ses lèvres remontèrent jusqu’aux ailes de son nez, découvrant des gencives frottées de rouge, faisant craquer le masque de fard et de plâtre qui lui vernissait la face.