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Page:Huysmans - Marthe, histoire d'une fille, 1876.djvu/125

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du véhicule. Il fallait qu’elle fût vraiment folle pour aller ainsi chez Léo. Demeurait-il toujours à la même adresse, serait-il chez lui, n’y trouverait-elle pas une autre femme ? Et puis, quel accueil lui ferait-il ? Si elle fut retournée le voir le lendemain qui suivit leur rencontre chez Ginginet, nul doute qu’il n’eût crié, nul doute qu’il ne l’eût honnie, mais qu’en fin de compte, il ne fût tombé dans ses bras ; sa rage devait être aujourd’hui passée et, avec elle cette inévitable conséquence : la lâcheté des sens, la faiblesse du cœur ; il pouvait tout simplement la prier de sortir. Marthe hésitait encore quand la voiture s’arrêta, elle fit un geste qui risquait tout, sonna au plus vite comme pour ne point se laisser le temps de retourner sur ses pas, monta l’escalier et, haletante, frappa la porte de sa main. La porte s’ouvrit et, stupéfié, Léo regarda Marthe et dit :

— C’est toi !

— Oui… tu sais, je passais dans le quartier, je suis venue pour savoir de tes nouvelles… — Tu vas bien ?

— Oui, mais…

Elle lui mit les doigts sur la bouche et reprit :