Page:Huysmans - Marthe, histoire d'une fille, 1876.djvu/140

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qué, les joues en sueur, elle suffoquait dans sa chambre, et parfois elle descendait pour prendre l’air et se traînait le long des murs, avec une démarche et des gestes de mourante. La fraîcheur du matin, le clair soleil chassaient ces rêves et elle allait tomber sur un banc, dans un jardin public ou dans un square, regardant le sol qu’elle creusait avec la pointe de ses bottines, tamisant au travers de ses doigts, de la terre en poudre, mais tous ces enfants qui faisaient des petits pâtés avec des seaux en fer-blanc l’exaspérèrent ; ils lui rappelaient le temps où, elle aussi, se ventrouillait dans la poussière et plantait des branches d’arbres sur des tas de cailloux, elle se prit alors à errer dans Paris, et un jour qu’elle déambulait ainsi au hasard, elle tomba, au détour d’une route, devant une caserne, à l’heure où les mendiants viennent chercher la soupe.

Elle s’arrêta dans une sorte de cul-de-sac, bordé au nord par cette caserne, quelques marchands de vins où buvaient, à l’ombre de pins en caisse, des vieillards, pansus comme des tourailles, au sud, par une échoppe à fritures et à crêpes, un restaurant interlope avec ses bols de riz au lait et ses crêmes tremblantes, et par un sordide