le chant et l’art dramatique en quinze jours. À défaut de talent, elle est jolie, c’est le principal au théâtre.
Elle accepta ; elle se sentait sauvée. Quinze jours après, elle débutait à Bobino.
Cette nouvelle vie lui plut. Comme toutes les malheureuses que la misère et l’embauchage ont traînées dans les clapiers d’une ville, elle éprouvait, malgré elle, malgré l’horrible dégoût qui l’avait assaillie lors de ses premières armes, cet étrange regret, cette maladie terrible qui fait que toute femme qui a vécu de cette vie, retourne s’y plonger un jour ou l’autre.
Cette existence de fièvres et de saouleries, de sommeils vaincus, de papotages perpétuels, de va-et-vient, d’entrées, de sorties, de montées, de descentes des escaliers, de lassitudes domptées par l’alcool et les rires, fascine ces misérables avec l’attirance et le vertige des gouffres.
Ce qui avait sauvé Marthe de l’épouvantable récurrence, c’était d’abord le peu de temps qu’elle était restée dans cette maison, c’était surtout la vie affolante des coulisses, cette exhibition devant un public dont les yeux brûlent, cette camaraderie avec les acteurs, cette hâte, cette bouscu-