Page:Huysmans - Marthe, histoire d'une fille, 1876.djvu/50

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lait sans raison : ils parlèrent des chiens. Lui, préférait les chats, elle, les toutous frisés, ces affreux roquets dont la gueule pue quand ils ont mangé de la viande ou du sucre. Cette discussion fut bientôt close. Ils ne dirent mot pendant quelques minutes, puis un pochard dévala d’une rue, battant les murs, et ils déblatérèrent sur les ivrognes, puis se turent. Un sergent de ville passait. Elle eut un petit frisson dans le dos. Il essaya de l’égayer, elle ne semblait plus l’entendre. En vérité, il était temps qu’ils arrivassent.

Le gaz était éteint. Léo prit la main de Marthe et la guida au travers de la cour jusqu’à l’entrée du corridor. Là ils s’arrêtèrent, il enflamma son rat de cave et elle vit les premières marches d’un escalier qui tournait dans le noir. Quand il ouvrit sa porte, un grand feu de charbon teignait de plaques rouges les tentures d’une petite chambre et allumait de foyers étincelants le verre des cadres appendus aux murs. Marthe enleva son chapeau, son mantelet de zibeline et s’assit dans un vaste fauteuil de cuir qu’il roula près du feu. À ses pieds, ramassé à croppetons, il la regardait, émerveillé de sa taille plus souple que la lance des roseaux et se mourait d’envie de baiser ses cheveux