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Page:Huysmans - Marthe, histoire d'une fille, 1876.djvu/58

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Romel, c’était son nom, leva la tête et, grave, glapit : j’y vas. Il montait une heure après.

— Allez me chercher, lui dit Léo, des beefsteaks, un pâté, du fromage, un gâteau et deux bouteilles de Moulin-à-vent.

— Entendu. Et se penchant avec des airs de confidence à l’oreille de Léo, Romel susurra : Dites donc, à propos, j’ai acheté ces jours-ci une glace Louis XVI épatante, je ne vous la vendrai pas cher.

Quelqu’invraisemblable que cela puisse paraître, Romel, concierge et savetier de son état, avait peint dans sa jeunesse des marines. À l’en croire, il avait eu « des dispositions. » Actuellement il brocantait un tas d’ordures, s’efforçant de les vendre à ses locataires, le matin surtout, alors qu’ils n’étaient pas seuls. Il jugeait des charmes et des friandises du compagnon de nuit par le ton du refus — car tous lui refusaient avec ensemble. — Ce matin-là, Léo lui répondit non, doucement. Il conclut de suite, que la femme qu’il avait amenée viendrait souvent lui demander la clef du local et il se promit de la saluer très-bas lorsqu’elle partirait.

Tandis qu’il se rendait chez le marchand de