Page:Huysmans - Prières et pensées chrétiennes (1910).djvu/21

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d’ancienne famille pieuse, le dégoût de l’existence et la passion de l’art », cette dernière a été la plus agissante sur son esprit, parce que c’était celle qui le prenait par toutes les fibres de son tempérament.

Elle déterminait ses élans vers le catholicisme, dans lequel il rencontrait de quoi satisfaire la vision d’idéal et de beauté qui le hantait. Désormais il n’avait plus de bien-être qu’à l’ombre des chapelles, dont les colonnes étaient comme saturées des oraisons épandues par les saints d’autrefois, dont les voûtes retenaient sous leurs berceaux fleuris les effluves mystiques des âges disparus.

Il écoutait, ravi, ces chants où s’expriment toute la détresse et toute la confiance des hommes condamnés à vivre parmi tant de tristesses et parmi tant de deuils ; il assistait aux offices liturgiques, dont les symboles révèlent, à ceux qui en pénètrent le sens, l’âme même de la religion. Et il s’écriait que la vraie preuve du catholicisme c’était « cet art qu’il avait fondé et que nul n’a surpassé encore ! »

Preuve toute sentimentale, mais faite pour convaincre un artiste aussi affiné. Et d’ailleurs, n’était-ce pas cet argument des beautés du culte que Chateaubriand, autre artiste somptueux et désolé, avait jadis invoqué dans son Génie du Christianisme ?

Donc Huysmans, par l’entremise de l’art et