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d’âmes ; elle fut la première nautonière de cette barque qui commençait à gagner le large sur la mer du monde ; quand elle mourut elle avait été Marthe et Marie ensemble ; elle avait réuni le privilège de la vie active et de la vie contemplative ; et c’est pourquoi l’Évangile de la messe du jour [de l’Assomption] est justement emprunté au passage de saint Luc, racontant la visite du Christ dans la maison des deux sœurs.

Sa mission est donc terminée. Remise entre les mains de saint Pierre, l’Église était assez grande pour voguer, sans touage, seule.

La Douleur qui ne s’était pas séparée de Marie, durant cette période, dut alors s’enfuir ; et, en effet, de même qu’elle avait été absente des couches de Notre-Dame, de même elle se retira, lorsque l’instant de la mort fut venu. La Vierge ne mourut ni de vieillesse, ni de maladie ; elle fut emportée par la véhémence du pur Amour ; et son visage fut si calme, si rayonnant,