Page:Huysmans - Sainte Lydwine de Schiedam (1912).djvu/167

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ger de mes défauts et qu’il me conduise au Paradis pour y goûter la fruition de sa présence et de son amour et y posséder la vie éternelle ; ainsi soit-il. »

Cet ange gardien, qu’elle exorait de la sorte, se plaisait à venir la chercher et à l’emmener, en esprit, promener.

Gerlac, qui vécut près d’elle, remarque, à ce propos, que lorsque l’âme émigra pour la première fois de sa gaine charnelle, Lydwine souffrit de terribles angoisses ; elle suffoqua, se crut sur le point de mourir ; et quand l’âme fut sortie, le corps devint froid, insensible, tel qu’un cadavre.

Mais peu à peu, elle s’habitua à ce détachement provisoire de sa coque et il s’effectua, par la suite, sans qu’à peine elle le sentît.

L’itinéraire de ses excursions était généralement celui-ci : l’ange l’arrêtait d’abord devant l’autel de la Vierge dans l’église paroissiale, puis il la guidait dans les jardins en fête de l’Eden, plus souvent encore dans les effrayants dédales du Purgatoire.

Elle souhaitait d’ailleurs de visiter les âmes détenues dans les ergastules de ces tristes lieux ; personne ne leur était plus dévoué ; elle voulait, à tout prix, diminuer leurs tourments, abréger leur captivité, changer leur misère en gloire ; aussi, bien que chacun de ces voyages fût pour elle la cause d’incomparables tortures, suivait-elle volontiers son compagnon alors qu’il la dirigeait vers cette halte terrible de l’au-delà.

Elle y apercevait des âmes s’agitant au centre de tourbillons de feu et elle passait au travers de ces oura-