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Page:Huysmans - Sainte Lydwine de Schiedam (1912).djvu/170

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Elle se consumait d’angoisses pour ces âmes, cherchait de tous les côtés à se procurer des messes pour elles, clamait : Seigneur, châtiez-moi, mais épargnez-les ! — et Jésus l’écoutait et la broyait sous le pressoir de ses maux.

Il convient d’observer aussi qu’elle était assaillie de suppliques par ces forçâtes d’outre-tombe ; tout l’au-delà souffrant la cernait ; elle voyait ces âmes en attente, éveillée et endormie, et ce qu’elles attirèrent sur elle des avalanches de tourments ! celles surtout des mauvais prêtres.

Ceux-là, après leur trépas, furent les plus assidus de ses bourreaux.

L’un d’eux, nommé Pierre, dont la vie n’avait été qu’une sentine, s’était repenti, mais il était mort, avant que d’avoir pu expier, ici-bas, ses fautes. Lydwine, sur les exorations de laquelle il s’était converti, priait très souvent pour son âme dont elle ignorait les fins. Or, douze ans après le décès de cet ecclésiastique, comme elle implorait encore la miséricorde divine pour lui, son ange l’emmena dans le Purgatoire. Là, elle entendit une voix lamentable qui criait au secours du fond d’un puits.

— C’est l’âme de cet abbé pour lequel vous avez adressé tant d’oraisons au Sauveur, dit l’ange.

Elle fut navrée de le savoir encore dans cette géhenne.

— Voulez-vous souffrir pour le sauver ? proposa son compagnon.

— Oui, certes ! s’exclama-t-elle.