Page:Huysmans - Sainte Lydwine de Schiedam (1912).djvu/207

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m’excuser si je prends, la première, la parole, mais j’y suis contrainte par mes tortures qui ne me permettent pas d’entendre la voix des autres et me forcent, moi-même, à peu parler ; le brave religieux que vous avez amené avec vous est durement pressuré par Notre-Seigneur, mais assurez-le que son épreuve sera courte ; qu’il ne perde pas courage et, vous, mon père ; continuez à l’adjurer de vos prières.

L’étonnement du prieur fut inexprimable. Il ne savait que répondre.

Alors la sainte lui dit : adieu, exhortez bien votre frère à la patience et ne m’oubliez pas devant Dieu.

Et le chanoine fut, effectivement, affranchi de ses obsessions, ainsi qu’elle l’avait annoncé.

Elle excellait à balayer les scrupules, à conforter les malheureux désorbités par l’ingénieuse cautèle du Démon.

À Schiedam, une femme était victime de noises de ce genre ; elle était agitée de la manie des scrupules et égarée à ce point qu’elle ne vivait plus qu’à l’état de vertige et était prête à succomber au désespoir, à tout instant. Le Diable l’affolait, en lui montrant, pendant son sommeil, un écrit mentionnant certain péché qu’elle avait pourtant confessé.

— Tu as beau avoir reçu l’absolution et avoir accompli la pénitence qui te fut imposée, ce péché-là ne peut être pardonné ni dans ce monde, ni dans l’autre, lui criait-il ; de quelque côté que tu te tournes, tu es damnée.