Page:Huysmans - Sainte Lydwine de Schiedam (1912).djvu/270

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d’une âme au Purgatoire qui souffre mais attend avec résignation sa délivrance.

Et néanmoins, quelle misérable existence était la sienne ! ses tortures corporelles étaient devenues sans contre-poids ! aucun relais pour les modérer, aucune halte pour les amortir ; littéralement, elles la saccagèrent ; la nature, privée de son soutien supernel, livrée à elle-même, éclata en cris déchirants et Lydwine vomit le sang à pleine bouche.

En vain, Jan Walter, qui lui était si dévoué, tentait de la consoler ; elle éprouvait une lassitude des conseils, un dégoût de tout.

Effrayée de la voir ainsi déprimée, sa fidèle Catherine, installée à son chevet, s’écria, désespérée, un jour : mais enfin, mon Dieu, que se passe-t-il donc ici ?

À ce moment, plus calme, Lydwine répondit :

— C’est à cause de mes péchés que vous me voyez si malheureuse ; j’ai perdu par ma faute tout attrait spirituel, même lorsque je communie. Je n’ai plus, ni ravissements, ni lumière prophétique, ni réconfort, rien. Le Seigneur ne m’a laissé, pour me soulager, que la faculté de pouvoir méditer, ainsi qu’autrefois, sa vie sans m’évaguer ; mais je n’y découvre plus aucune aise. Il me semble que je suis déportée sur une terre de glace, dans une région inconnue que rien n’éclaire et où je ne suis nourrie qu’avec de la myrrhe et du fiel.

Cette épreuve dura cinq mois ; puis, un 2 juillet, fête de la Visitation de la Très-Sainte Vierge, les