Page:Huysmans - Sainte Lydwine de Schiedam (1912).djvu/282

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— Oh ! s’écria-t-il, je sais que votre Époux part d’ici, mais ne l’aurais-je pas su, que je le devinerais rien qu’en aspirant ce fleur de l’Eden ! vous a-t-il annoncé votre délivrance ? ne me cachez rien, s’il se peut, chère sœur.

Transportée d’allégresse, elle s’exclama : mes souffrances vont redoubler, mais ce sera bientôt terminé !

Et, en effet, la gravelle et le charbon la supplicièrent, sans aucune trêve ; elle vécut le lundi de Pâques, dans d’épouvantables affres ; le mardi, elle s’apprêta à mourir et comme sa chambre était pleine de monde, elle dit doucement :

— Laissez-moi seule aujourd’hui avec le petit, — elle désignait son neveu Baudouin, assis près du lit, — si vous êtes mes amis, faites cela pour moi ; soyez sans inquiétude d’ailleurs ; au cas où j’aurais besoin de vous, j’enverrais l’enfant vous prévenir.

Tous crurent qu’elle souhaitait de se recueillir et de prier, en paix et, ne pensant pas que la mort la talonnait, se retirèrent ; Jan Walter s’éloigna, à son tour, et s’en fut à l’église réciter les vigiles des trépassés pour la supérieure du couvent des sœurs Tertiaires qui venait de décéder ; à peine l’eut-il quittée, que l’agonie commença ; elle dura de sept heures du matin à quatre heures du soir ; les vomissements la déracinaient et la jetaient, brisée, sur le carreau ; elle rendait, avec des matières verdâtres, le fiel à pleine bouche ; Baudouin n’avait que le temps de vider la cuvette au dehors et de la rapporter.