Page:Huysmans - Sainte Lydwine de Schiedam (1912).djvu/74

La bibliothèque libre.
Le texte de cette page a été corrigé et est conforme au fac-similé.

trouvait le loisir de prier et de se recueillir. Aussi, profitait-elle des matinées où Pétronille l’envoyait porter leur repas à ses frères, à l’école pour s’acquitter au plus vite de la commission et se conserver, en revenant, le temps de réciter un ave Maria, dans l’église ; et une fois qu’elle s’était attardée et que sa mère, mécontente, lui demandait quel chemin elle avait suivi, elle répondit naïvement :

— Ne me gronde pas, petite mère, je suis allé saluer Notre-Dame la Vierge et Elle m’a rendu, en souriant, mon salut.

Pétronille demeura songeuse ; elle savait sa fille incapable de mentir et d’âme assez pure pour que Dieu la préservât d’illusions, et se plût à s’arrêter en elle ; elle se tut et toléra désormais sans esquisser de trop grises mines, ses légers retards.

Son enfance se passa de la sorte à aider sa mère qui, avec ses huit autres enfants et le peu d’argent que rapportait le métier de son mari, avait bien du mal à joindre les deux bouts. Aussi devint-elle habile ménagère, en grandissant ; à douze ans, elle fut une fillette sérieuse n’aimant guère à participer aux jeux de ses amies et de ses voisines et refusant de se mêler à leurs amusements de promenades et à leurs danses ; elle n’était à l’aise, au fond, que dans la solitude. Sans appuyer, sans préciser encore ses touches, sans lui parler son langage intérieur, sans se montrer, Dieu la liait déjà étroitement, lui laissant obscurément entendre qu’elle n’était qu’à Lui.

Elle obéissait sans comprendre, sans même soup-