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TROIS ÉGLISES ET TROIS PRIMITIFS

aux bras nus, tient d’une main un livre ouvert et désigne de l’autre le Christ.

Ce visage de reître de la Franconie, dont la toison de poils de chameau s’aperçoit sous une ceinture dont le nœud bouffe et un manteau drapé en de larges plis, c’est saint Jean-Baptiste. Il est ressuscité, et pour que le geste dogmatique et pressant de son long index qui se retrousse en indiquant le Rédempteur s’explique, cette inscription en lettres rouges s’étend près du bras : « Illum oportet crescere, me autem minui. Il faut qu’il croisse et que je diminue ».

Lui, qui diminua, en s’effaçant devant le Messie, qui trépassa pour assurer la prédominance dans le monde du Verbe, le voilà qui vit tandis que celui qui était vivant alors qu’il était décédé, est mort. On dirait qu’il préfigure, en se réincarnant, le triomphe de la Résurrection et qu’après avoir annoncé une première fois,