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LES GRÜNEWALD DU MUSÉE DE COLMAR

ses fanfares de couleurs, excessif comme dans ses autres œuvres.

La Tentation de saint Antoine, il dut s’y plaire, car les expressions les plus convulsives, les formes les plus extravagantes, les tons les plus véhéments s’accordaient avec ce sabbat de démons livrant bataille au moine.

Et il ne s’est pas fait faute de bondir dans l’au-delà cocasse ; mais si la Tentation est d’un mouvement et d’un coloris extraordinaires, elle est, en revanche, confuse. Elle est si singulièrement enchevêtrée que les membres de ses diables ne se distinguent plus les uns des autres et que l’on serait bien en peine d’assigner à tel animal telle patte, à tel volatile telle aile, qui écorchent ou égratignent le saint.

Le tohu-bohu impétueux de ces personnages n’en est pas moins prenant ; certes, Grünewald ne possède pas l’ingénieuse variété et le désor-